Vous connaissez forcément le château Robillard à Saint-André-de-Cubzac, mais connaissez-vous Alexandre Nicolaï, un de ses anciens propriétaires ?
Né le 26 février 1864 à L'Hospitalet en Ariège, Alexandre Nicolaï arrive à Bordeaux dans son enfance. Un échec au baccalauréat ès sciences le décide à devenir avocat. La licence terminée, il est chef de cabinet d’un préfet puis rejoint la Cour d’appel de Bordeaux comme avocat où il devient un maître éminent et aimé. Travailleur infatigable, il ne tarde pas à mériter une place distinguée en étant nommé doyen du Conseil de l’Ordre. Chargé d’un cours d’économie politique à la Bourse de Bordeaux, il donne un grand essor à la « Revue économique de Bordeaux » dont il a été un des fondateurs et ce qui lui vaut d’être surnommé le « Montesquieu économiste », titre d'un de ses ouvrages.
Économiste et sociologue, Alexandre Nicolaï est aussi archéologue et philologue. Dans son château Robillard à Saint-André de Cubzac, il collectionne cartes à jouer, faïences et filigranes de papiers. De ce goût de collectionneur sont nés trois de ses plus beaux ouvrages :
« Histoire de la carte à jouer », « Histoire des faïenceries de Bordeaux » et « Histoire des moulins à papier », couronné par l’Académie française.
Pilier de la vie culturelle bordelaise, il préside la Société archéologique de Bordeaux et publie des ouvrages sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et sur les noms de lieux de la Gironde. Ses travaux les plus importants sont ceux qu’il a consacrés à Montaigne.
C’est un peu dans l’intimité qu’il a passé les dernières années de sa vie.
Son « Montaigne intime », couronné par l’Académie française, se situe dans le cadre des recherches qui ont éclairé d’un jour nouveau un sujet pour lequel tout semblait avoir été dit.
Ses « Belles amies de Montaigne » ont obtenu le grand prix de l’Académie française en 1951.
Ce notable éclairé était pénétré de philanthropie. Pour lui, la bourgeoisie aisée doit patronner des institutions qui aident les plus défavorisés à maintenir l’équilibre fondamental de la société.
Il contribue donc à diffuser les mérites du mutualisme agricole et concourt à créer plus de 30 caisses locales du Crédit agricole en Aquitaine.
Homme des Lumières, il a été conférencier à la Ligue de l’enseignement et correspondant du Ministère de l’Éducation nationale.
Un temps élu conseiller d’arrondissement de Carbon-Blanc, puis conseiller général dans un autre département, il a aussi exercé les fonctions de juge de paix des cantons de Saint-André-de-Cubzac et de Bourg de 1930 à 1936.
Officier de l’Instruction publique, chevalier du Mérite agricole, de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, il s’éteint au château Robillard à Saint-André-de-Cubzac le 7 juin 1952.
Depuis le 9 novembre 2020, une voie nouvelle à Saint-André-de-Cubzac rappelle son souvenir.
© Texte de Christophe Meynard / ARHAL / Novembre 2020